vendredi 21 août 2015

dans le Marais

L'autre jour je me promenais dans Hidalgo-City avec ma très intermittente dulcinée.
Depuis longtemps j'avais noté lors de nos rares déambulations citoyennes une certaine défaveur populeuse à l'égard de notre équipage, bien que nous ne nous produisions jamais attelés. Elle attribuait cet intérêt dubitatif à l'incrédulité quant à notre statut : père et fille ou bien amant et maîtresse ? Et la muflerie ostensible par laquelle il se manifestait à la réponse qui était donnée. 

Sans doute notre pittoresque eût suffit à expliquer une classique gaieté simiesque, cette belle hilarité grégaire de nos néo-singeries, ce qu'on appelle l'Ûmour aujourd'hui, car avec ma coéquipière nous divergeons à proportion : si je lui rends facilement trente centimètres elle me cède trente ans.
 D'ailleurs, même seul, je suis coutumier du fait d'être ouvertement moqué dans la rue par de jeunes babouins encagoulés qui portent leurs pantalons aux chevilles et traînent après eux des femelles en collants moulant étroitement leurs vulves tumescentes, mes propres canons vestimentaires ne tombant pas justes.   Has been je suis, autant d'apparence que d'essence.
 
Mais ce dont je parle et qui nous vise tous les deux est tout sauf moqueur.  « Mecs jaloux » explique ma compagne avec modestie. Je lui fais remarquer que si effectivement la plupart des mecs bronzés lui font directement des avances sexuelles comme si je n'avais pas été là, avec d'autant plus de courage que la modestie de mon gabarit eu égard à la moyenne facilite le déni de ma présence au monde, c'est dans la gent qui porte mamelles et plus précisément sa sous-division "blancos", que l'on montre le plus ouvertement de la réprobation.
 Désapprobation lisible des électrices d'Hidalgo, yeux exorbités et bouches bées devant le scandale de notre vue, se demandant à haute et intelligible voix si c'est encore possible, permis, et s'il ne faut pas appeler les fliquettes.

 La raison : nous vivons dans un film d'Hollywood et je suis le méchant du film. Je porte le signe maudit de la Bête "machiste". Survivance anachronique et inadmissible de l'insupportable privilège masculin, dont le seul succédané permis et le rapport du milliardaire "russe" avec sa putain, vraiment russe.  Mais c
'est parce que l'on voit que je n'en suis pas , que je ne possède ni l'Argent ni l'art d'être avec les gens, que l'on me dénie le Droit d'être en bonne fortune avec une belle jeune femme; car si j'ai pu conquérir son cœur sans le payer, ce ne peut être que par une espèce de talent.  C'est cela qui fait hennir le vulgaire, au lieu que l'Argent qui excite son envie, n'offense pas sa vanité.
C'est pour cette raison que les peuples qui ont abattu la féodalité et aidé à l'accouchement de la société bourgeoise, n'ont jamais vraiment voulu renverser cette dernière, car elle est leur part satisfaite. Seule la supériorité perçue comme naturelle offense vraiment. 

Devant cette hostilité véloce à l'égard de notre tandem, ma compagne jugeait ma clairvoyance pure parano. Car si elle m'aime un peu elle ne me comprend guère. 
Cependant hier, dans le Marais, cette atmosphère de haine palpable, regards furibonds, désignation du doigt, fut sentie aussi par ma coéquipière, d'habitude inconsciente des rapports de force de trottoir. Nous étions, j'étais, dans l'étroite bande d'espace-temps qui précède le Big bang. Un pas de plus et je tomberais sous le coup de la loi de Lynch. Nous le sentions, c'était tangible, répugnant et angoissant.
Seuls les troupeaux de gays, paissant paisiblement dans leurs abreuvoirs délimités par des cordes, se foutaient royalement de notre existence, vivant et laissant vivre, entre eux, peinards, je ne crois nullement dans cette fable ridicule de la cause commune homosexuelle.
Les milieux gays et gouins sont radicalement différents, ils vivent en des univers hétérogènes, peut-être m^me hostiles, l'hystérie L et G n'est que du L et même du XXL.
Cela est su mais tu dans le milieu, pour des raisons idéologiques.

 Ainsi nous allions, au milieu d'hommes qui s’embrassaient goulûment à pleine bouche, de gougnottes ostensiblement en préliminaires, de cougars tenant impunément en laisse de petites gouapes sournoises et peut-être mineures, seuls désignés à la vindicte, réprouvés comme des lépreux, untermensch, tchandalas,  moi bousculé de coup d'épaules rabiques et souvent arabiques, elle dévisagée par les gestapistes féministes à envie du pénal, et les porcs libidineux.
 — « Regarde regarde ! Non mais t'as vu ça ? » avons nous distinctement ouï rue Saint Merri, à deux pas de l’Église où nous nous réfugiâmes : Asile ! Asile !

  Les plus fins auront saisi combien cette étouffante chape ne peut que gâter nos rencontres à l'air libre. Sa beauté, et notre  étaient éclaboussés par la saleté de cette boue haineuse.
 Stupidement, pour lâcher un peu de vapeur je me mis en rogne contre elle, lui reprochais injustement ses toilettes (qui n'ont pourtant rien d'osé de nos jours), et ses talons de 58 cm qui font que je lui arrive au nombril.  Elle avait grief de mon hyper-sensibilité trop à fleur. Les rares fleurs de nos rencontres se fanent, elle est triste et mon humeur s’obscurcit de sombres regrets :
 — Ah ! si j'avais pu prévoir la possibilité de ce meilleur des mondes, au lieu de lire les poètes, j'aurais pratiqué les sports de combat !
 
 En attendant, déjà trop casanier pour son goût je suis réticent à sortir avec elle. Là voilà triste et déçue. Et sans doute secrètement frustrée que je ne sois pas capable de faire régner les égards à coup de poings.
Quel enfer que ce monde ! Un enfer privé, un enfer réservé à mon seul usage puisque je ne connais personne d'autre qui partage, qui pourrait partager pareille condition. 
Mes seuls collègues en antiféminisme sont les catholiques de tradition qui défendent la famille, et croient dans la complémentarité de H et F.  Ils dénoncent avec raison la putréfaction morale, mais affirment faussement que nous vivrions dans un monde permissif, reprenant par là l'antienne maréchaliste classique.  En réalité la norme c'est la répression sexuelle masculine, la haine de la liberté du sexe prétendument fort.  "L'Envie du pénal", est la volonté réelle de la féministe. Et l'essence du féminisme est la haine de Don Juan.

Sauf lui, les hommes sont  naturellement soumis à la femelle. Nous autres, les solitaires, les réfractaires sommes devenus des parias, condamnés par la marche du monde. Ce monde pour nous seuls irrespirable, et notre race bientôt éteinte.


  

1 commentaire:

Alexandre C. a dit…

Splendide.